Outre la gestion intégrée des eaux pluviales, étroitement liée au problème de la sécheresse, ma question porte également sur la lutte contre le gaspillage de l’eau et le développement du maillage bleu. En effet, le manque de pluie observé ces derniers mois met en exergue la nécessité d’opter pour une gestion durable des eaux.

Les mois d’avril et de mai ont effectivement été particulièrement secs, et la Flandre a déjà mis en place des mesures de restriction de la consommation d’eau. La demande en eau pourrait être encore accentuée par la crise du coronavirus car de nombreux Belges se préparent sans doute à passer l’été dans notre pays, alors que la demande diminue habituellement à cette période.

D’autre part – et c’est un point positif -, les citoyens témoignent d’une prise de conscience grandissante des enjeux liés à notre consommation d’eau, bien que leur implication dans sa gestion reste relativement faible. Cet épisode de sécheresse nous incite à nous interroger sur la place que nous accordons à l’eau dans un contexte urbain.

Pour rappel, ce n’est qu’au début de ce siècle qu’ont été mises en activité les deux stations d’épuration de la Région bruxelloise, à savoir la station Sud en 2000 et la station Nord en 2007. Le réseau d’égouttage menant les eaux à ces stations est dit unitaire (à l’opposé d’un réseau séparatif) : il collecte à la fois les eaux usées et les eaux de ruissellement ou les eaux qui proviennent de ruisseaux et sources enterrés.

Ce n’est pas un détail parce que cela implique que les eaux effectivement à épurer sont diluées, ce qui rend leur traitement plus complexe et plus coûteux. Et, surtout, les eaux claires sont ainsi gaspillées, alors qu’elles pourraient être réinfiltrées dans le sol pour alimenter les nappes phréatiques ou servir à des usages qui n’exigent pas d’eau potable, tels que le nettoyage, l’arrosage des plantations ou la création de zones humides favorables à la biodiversité.

À l’opposé de la gestion souterraine des eaux, le concept du maillage bleu a pour objectif de faire revivre les rivières et les eaux claires et de remettre en valeur l’eau et les zones humides des différentes vallées qui constituent le berceau de notre ville. Il s’agit d’assurer la qualité des eaux de surface, de relier les tronçons des ruisseaux et des rivières pour leur assurer une continuité et leur permettre de se déverser dans la Senne plutôt que dans les égouts.

Ce projet de maillage bleu permet également de valoriser les fonctions sociales, paysagères et récréatives des rivières, ruisseaux, étangs et zones humides, et de promouvoir la richesse écologique de ces milieux.

Parmi les plus belles réalisations figure la mise à ciel ouvert partielle de la Woluwe, qui a retrouvé l’air libre sur 400 mètres de parcours et constitue en même temps un nouvel itinéraire de promenade pour le plus grand bonheur des Bruxellois.

Faire revenir les eaux bruxelloises en surface est un enjeu d’autant plus important que, comme nous le savons, le changement climatique qui s’annonce devrait entraîner la multiplication des épisodes caniculaires. Les zones humides et les rives des ruisseaux représentent dès lors autant d’îlots de fraîcheur dans la ville.

Cette évolution positive de la place de l’eau dans la ville ne doit cependant pas masquer le fait que l’imperméabilisation des sols liée au développement de la ville se poursuit à un rythme très inquiétant. En Région bruxelloise, on estime que le taux d’imperméabilisation est passé d’environ 26 % en 1955 à 47 % en 2006, et cette tendance ne s’est pas arrêtée depuis lors.

Par ailleurs, de grands projets à l’étude concernent des zones de friche, tels que le projet de plan d’aménagement directeur (PAD) au parc Josaphat, ou des espaces verts tels que le bois de Mediapark. La réalisation de ces projets devrait avoir pour effet d’intensifier l’imperméabilisation des sols.

Outre ses conséquences sur le degré de verdurisation de la ville et de fragmentation des habitats naturels, l’imperméabilisation des sols a également pour effet d’augmenter la fraction des eaux de précipitation qui ruissellent et aboutissent dans les égouts. Ces eaux sont alors perdues pour la recharge des nappes aquifères et compliquent l’épuration.

Le gouvernement a annoncé dans sa déclaration de politique régionale sa volonté d’étudier la possibilité de revoir la législation en vue de permettre à Vivaqua de cofinancer des investissements communaux visant la mise en œuvre de solutions de gestion de l’eau alternatives aux bassins d’orage. Où en sont ces réflexions ?
Des réflexions sont-elles en cours pour que la Société bruxelloise de gestion de l’eau (SBGE) puisse aussi recourir à ces solutions ?

La vallée du Molenbeek a fait l’objet d’un projet de participation citoyenne autour des enjeux liés à l’eau (Brusseau). Ce projet a débouché sur une série de propositions susceptibles de réduire ou de supprimer la nécessité de construire un nouveau bassin d’orage, lequel est dans les cartons de la SBGE. Les propositions alternatives au bassin d’orage pour la réduction des risques d’inondation sont-elles prises en compte par la SBGE ? Ont-elles fait l’objet d’études approfondies ? Le projet même de ce bassin d’orage sera-t-il abandonné ou réévalué en fonction desdites propositions alternatives ?

Quelles sont les sources principales de gaspillage de l’eau potable, d’une part, et de l’eau des nappes phréatiques, d’autre part ? Quelles sont les mesures prises pour y remédier ? La lutte contre ces gaspillages fait-elle partie des objectifs du plan sécheresse dont vous nous avez annoncé l’élaboration ?

L’actuel plan de gestion de l’eau 2016-2021 (PGE) est en cours d’évaluation dans le cadre de la rédaction du plan qui couvrira la période 2022-2027. Cette évaluation vise-t-elle aussi l’efficacité des mesures du plan actuel face à l’imperméabilisation croissante de notre Région et à son impact sur la recharge des nappes aquifères ?
Comprend-elle une évaluation des mesures prises pour lutter contre le gaspillage de l’eau potable et des eaux claires ? Enfin, quels sont les projets en cours pour le renforcement du maillage bleu ?

Mon intervention complète et la réponse du Ministre ici:
http://weblex.brussels/data/crb/biq/2019-20/00116/images.pdf#page=21