En 2017, le journal l’Écho a publié un article intitulé « La forêt de Soignes au naturel ». Nous y apprenions que des arbres de la forêt de Soignes sont abattus chaque année selon un plan de gestion parce qu’ils sont malades, qu’ils menacent de tomber ou qu’ils filtrent trop de lumière pour les autres plantes.

Les arbres abattus sont vendus aux enchères. Le prix d’un hêtre adulte peut facilement atteindre 600euros. Près de 80% de ces arbres sont acheminés depuis le port d’Anvers vers la Chine, où ils sont transformés en meubles ou en bois de placage. Chaque année, entre 20.000 et 30.000m³ de bois sont vendus, pour la plupart à des intermédiaires. Ces ventes rapportent en moyenne 75 euros par m³.

En janvier 2020, la situation semble avoir peu évolué. Le directeur du service forestier de la Région bruxelloise explique que la partie la plus noble des hêtres abattus en forêt de Soignes, à savoir la grume, est achetée par des exploitants forestiers pour être exportée vers la Chine. Ce pays est devenu le principal transformateur de ce matériau. La forêt de Soignes produit chaque année environ 20.000m³ de bois, dont plus de 75% sont exportés vers l’Asie. Souvent, une partie de ce bois revient en Belgique, transformé en mobilier pour nos maisons ou nos bureaux.

Un mouvement composé de citoyens, de créateurs, de scientifiques, de travailleurs du bois et de gestionnaires forestiers a pris conscience que le bois de la forêt de Soignes était expédié à l’autre bout du monde alors que nous pourrions l’utiliser localement. Une coopérative baptisée Sonian Wood Coop a été créée à cette fin. Son objectif est de conserver intégralement le bois de la forêt de Soignes en Belgique et de le traiter localement, du sciage des arbres jusqu’au produit fini.

Cette coopérative a bénéficié du soutien des asbl Centre d’écologie urbaine et Les Amis de la Forêt de Soignes, de la Fondation OSMO, du Walden Project, de l’Université libre de Bruxelles (ULB) ainsi que de Bruxelles Environnement. Ce projet est issu d’une recherche-action menée, entre autres, par un chercheur en économie circulaire de l’ULB. Au lieu de laisser partir la valeur ajoutée par la revente de la matière première à des acheteurs internationaux, l’objectif est de conserver le bois en Belgique pour créer une économie circulaire locale.

Cette initiative louable s’avère néanmoins compliquée à mettre en œuvre, car la filière de transformation du hêtre en Belgique a subi de plein fouet la concurrence avec l’Asie. Les coûts de transformation du bois sont beaucoup plus élevés ici que là-bas (charges salariales, coûts de l’énergie, taxes, etc.). Avec pour conséquence que très peu de scieries belges transforment encore du hêtre. Il revient actuellement moins cher de transporter ce bois belge sous forme de grumes vers la Chine, pour transformation, et de le réexporter vers la Belgique sous forme de meubles ou autres, que de le transformer sur place. Cette pratique est aberrante au vu de la volonté de notre Région de réduire fortement son empreinte écologique. En outre, il s’agit d’une délocalisation d’emplois qui sont perdus pour la filière bois belge.

Pouvez-vous nous communiquer les volumes de bois de chauffage et de bois d’œuvre qui ont été prélevés en forêt de Soignes et mis en vente ces deux dernières années?
Quel est actuellement le mode de vente du bois récolté en forêt de Soignes?
Quelles sont les recettes financières de ces ventes sur les cinq dernières années et quelle est la destination de ces recettes?
Disposez-vous d’informations sur les types d’utilisation auxquels est destiné le bois d’œuvre?
Observe-t-on une évolution de ces types d’utilisations ces dix dernières années?
Ce bois est-il acheté pour un usage local ou pour l’exportation? Dans ce dernier cas, vers quels pays?
Observe-t-on une évolution des exportations ces dix dernières années en ce qui concerne le volume et le pays de destination?
Dans quelle mesure Bruxelles Environnement peut-elle conditionner l’achat de lots de bois provenant de la forêt de Soignes à une utilisation locale ou en Belgique?
Pouvez-vous nous indiquer quel type de soutien est apporté par Bruxelles Environnement à la Sonian Wood Coop?

Mon intervention complète et la réponse du Ministre ici:
200127 L’exploitation du bois issu de la forêt de Soignes et sa destination