Interpellation jointe concernant l’impact des motos et des camions sur la qualité de l’air à Bruxelles et leur prise en compte dans la zone de basse émissions (LEZ)

Alors que le transport de marchandises ne représente en moyenne que 14% du trafic, il est responsables de 25 % des émissions de CO2, de 33 % des émissions de particules fines PM2.5 et jusqu’à 32 % des émissions de PM10 émis par les véhicules automobiles circulant dans la capitale(1). Il s’agit donc d’un secteur particulièrement polluant.

Une étude du centre MOBI de la VUB a utilisé une méthode innovante pour évaluer son impact sur la santé des bruxellois (2). En effet, alors que dans les études précédentes, les flux de transports de marchandises par camions et camionnettes étaient croisés avec les lieux de domiciliation de la population, cette étude les a comparés avec les lieux de déplacement des personnes dans la ville (lieux de travail etc.). L’impact financier global de cette pollution en termes de soins de santé ne change pas à l’échelle de la Région avec cette nouvelle méthode (il est estimé à 50000 euros par jour). Par contre, l’impact de cette pollution par quartier est très différent, jusqu’à 45 fois plus élevé, pour certains quartiers, qu’avec la méthode traditionnelle.

Les motos et mobylettes n’ont pas été prises en compte dans cette étude. Cependant, leur impact n’est sans doute pas négligeable étant donné que vu la congestion routière actuelle, c’est un moyen efficace de se déplacer au sein de notre Région et qu’il est utilisé par de nombreux coursiers et livreurs. Une autre étude récente, émanant du Conseil international sur le transport propre (3) et à laquelle fait référence notamment le journal Le Monde(4), a montré que le niveau de pollution de ces véhicules est peu contrôlé et non négligeable. Pendant 20 jours, en juin et juillet 2018, cette structure indépendante a posé des portiques dans trois rues des 12ème et 13ème arrondissements de Paris. Les émissions des pots d’échappement de 180000 véhicules, tous gabarits confondus, ont été analysés. Parmi les conclusions de cette étude, il est mentionné que bien qu’ils représentent un faible pourcentage du total des kilomètres parcourus par les véhicules, les deux-roues à moteur thermique peuvent avoir un impact disproportionné sur les niveaux de polluants atmosphériques d’une zone urbaine, notamment en CO et en NOx.

Le journal La Dernière Heure du 22/10/19(5) nous apprend que selon de premières analyses, en Région bruxelloise, les motos représenteraient 6 % des émissions de CO, 0,2 % de dioxyde d’azote, 0,4 % des particules fines et 11 % des composés organiques volatils.

Monsieur le Ministre, voici mes questions:

– La LEZ (zone de basse émission) qui a pour objectif de réduire la pollution engendrée par le trafic routier ne s’applique actuellement ni aux camions, ni aux deux-roues à moteur thermique. Pour quelles raisons?

– Les camions de plus de 3,5 tonnes sont déjà impactés par le prélèvement kilométrique (ViaPass(6)), qui varie en fonction de la norme Euro du véhicule. Ceci pourrait inciter les transporteurs à améliorer les performances environnementales de leur flotte. Est-ce le cas? Observe-t-on une amélioration de l’écoscore moyen des camions circulant en région Bruxelloise depuis l’introduction du Viapass (avril 2016)?

– L’étude de la VUB permet de mettre en évidence les quartiers où la pollution liée au trafic de marchandise croisée avec la présence de la population est la plus élevée. Cette analyse spatio-temporelle permettrait de limiter l’impact sur la santé du transport de marchandises dans ces quartiers, par exemple en dissociant temporellement les deux flux (ceux des personnes et ceux des marchandises acheminées par camion et camionnettes) en jouant sur les horaires de livraison. L’infrastructure mise en place (réseau de caméras) pour la LEZ pourrait-elle être utilisée dans ce but?

– Existe-t-il actuellement des incitants pour que les propriétaires de deux roues à moteur thermique utilisent des modèles peu polluants ou les remplacent par des véhicules électriques?

Mon intervention complète et la réponse du Ministre ici: